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24/05/2008

Edward Abbey : Le feu sur la montagne

1502169481.jpgAu Nouveau-Mexique, John un vieux fermier vit seul dans son ranch avec ses chevaux et ses vaches, sur cette terre désertique accablée de soleil et peuplée de serpents et scorpions. Billy, le narrateur, est son petit-fils venu y passer les vacances scolaires. Avec Lee, l’ami de John, ces trois là vivent des moments inoubliables pour le gamin, traite des vaches, randonnées à cheval, au milieu d’une nature sauvage et difficile où le couguar peut surgir à tout instant. On pourrait croire cette étendue de désert abandonnée de tous, jusqu’au jour où l’armée décide d’en faire une zone d’essais militaires. John fait l’objet d’un mandat d’expulsion. Nous sommes aux Etats-Unis, au pays des cow-boys et des pionniers, le ranch de John a vu y mourir son grand-père et son père, aussi le vieil homme n’est-il pas décidé à abandonner sa terre. L’armée lui fera des propositions généreuses, mais rien n’y fera et c’est l’arme à la main qu’il se prépare à affronter l’armée des Etats-Unis pour défendre sa maison et sa terre, sa liberté. Jusqu’à la mort puisqu’il le faut. Une fois de plus Edward Abbey, l’auteur du Gang de la Clé à Molette, nous livre sa vision du monde où les mots liberté et nature s’écrivent avec des lettres majuscules. Ode aux grands espaces de l’Amérique mythique, l’écrivain libertaire nous donne encore un de ces bons romans qui redonne des forces grâce à des hommes simples qui se hissent au niveau de héros, ne voulant pas plier ou baisser la tête. Edward Abbey décédé en 1989 a été enterré à sa demande dans le désert et aujourd’hui nul ne sait où est sa tombe.

« Les vaches, qui pouvaient aller et venir à leur guise, mangeaient ce qu’elles trouvaient, mais ne pouvaient se contenter de cette maigre végétation pour survivre. Elles broutaient les rudes arbustes du désert – les buissons d’acacias, de chamisas, de cliffroses, d’éphèdres et de mesquites. Quand les temps étaient durs, quand les temps étaient très durs, elles pouvaient même manger les figues de Barbarie, parfois avec l’aide de leur rancher qui passait d’abord ces cactus au lance-flammes pour en brûler les épines. Si ça ne suffisait pas, le rancher devait acheter du fourrage. S’il se ruinait en fourrage, il n’avait plus qu’à vendre son bétail et attendre la pluie, attendre une meilleure année. Si la pluie tardait trop à venir, il vendait son ranch ou laissait la banque le lui prendre. Mon grand-père était un des rares ranchers indépendants qui fût parvenu, bon an mal an, à survivre à la grande roue de la sécheresse et de la crise . Il s’en était rarement bien sorti, mais il s’en était toujours sorti. »

Edward Abbey   Le feu sur la montagne  chez Gallmeister